samedi 17 août 2013

No et moi




Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies. 
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle. 
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage. 
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.


Je suis encore toute émue par la lecture de ce livre. Lu en trois jours ou presque, je n'ai pour ainsi dire pas vu le temps passer. J'avais vu le film il y a quelques années (et je l'avais adoré), et j'étais très curieuse de découvrir la plume de Délphine de Vigan, dont j'entends si souvent parler. Alors je me suis lancée, sans attente particulière dans la tête bien remplie de Lou Bertignac qui nous guide tout au long du livre.

Je dois commencer par dire que Lou est un personnage particulièrement attachant. Je n'ai eu aucun mal à m'identifier à elle, à ses complexes, à ses questions sur la vie, le monde. Aussi révoltée qu'elle, je partageais toutes ses réflexions, même les plus bizarres. No est également un personnage très touchant, par la situation qu'elle vit, mais aussi par toutes ses petites façons d'être une petite fille. C'est un personnage assez mystérieux, on ne sait d'elle que ce que Lou sait, mais petit à petit la coquille se brise et on découvre ses failles, ses zones d'ombre. Je trouve également que les parents sont très "justes", très vrais. La dépression de la mère, et la façon dont elle se sort du trou noir dans lequel elle vit est réaliste. On pourrait imaginer croiser ces personnages dans la rue, et c'est la première chose que j'ai particulièrement aimé à la lecture du livre. Même Lucas dont la vie paraît improbable est finalement lui aussi réaliste. 

De plus, le livre, sans l'air de rien, fait une réelle étude sociologique, du moins un état de fait sur la situation des SDF. Sans embellir la réalité ni la noircir, Delphine de Vigan ne fait qu'un constat sur un sujet considéré aujourd'hui très sensible car comme le dit si bien Lou, les choses sont comme elles sont. J'ai eu beaucoup de mal à accepter la fin (alors que je la connaissais déjà), tout simplement parce qu'elle est révoltante. Je me suis sentie comme Lou tout à coup, infiniment petite face à toutes ces injustices. Il y a seulement une passage que j'ai trouvé incohérent, du moins qui ne m'a pas plus dans la fin (attention, petit spoiler): le baiser de Lou et Lucas. Pendant tout le livre j'avais imaginé que cette relation ressemblait à celle d'un frère et d'une soeur, comme deux solitudes qui se rencontrent, mais ce baiser a cassé tout le mythe. Tout simplement parce que dans ma tête un garçon de 17 ans ne s'intéresse pas à une toute petite fille de 13 ans. Hormis ce petit détail, le livre est irréprochable, et je dois d'ailleurs avouer (et c'est chose rare) que j'ai écrasé une petite larme à la fin.

Enfin, j'ai aimé le style à la fois léger et déroutant de l'auteur. Pendant ces presque 300 pages, on est complètement plongé dans la tête de Lou, où se bousculent des tas d'idées différentes. C'est fluide, léger, enthousiaste, parfois émouvant. La plume nous entraîne comme un tourbillon et on ne peut plus s'arrêter. Les chapitres (si on peut appeler ça des chapitres) sont très courts, ce qui fait qu'on ne se rend pas compte que l'on avance dans le livre tellement c'est prenant. On ne veut plus s'arrêter, on veut savoir comment ça va finir, même si on sait que ça va mal finir justement. Delphine de Vigan offre un véritable hymne à la vie, à la fougue de la jeunesse, comme un moment de grâce qu'on a du mal à quitter. 

Un coup de coeur. 



mardi 13 août 2013

Sherlock Holmes : Son dernier coup d'archet - Sir Arthur Conan Doyle




Résumé: Une aventurière aussi dangereuse que séduisante...Un visiteur masqué, venu confier à Sherlock Holmes un secret susceptible de provoquer une tempête dans les chancelleries européennes...
Tout à son récent mariage, le Dr Watson avait depuis quelque temps négligé son prestigieux ami. Mais, avide de connaître l'issue de cette nouvelle affaire, il va reprendre sans tarder le chemin de Baker Street. Et nous verrons le détective s'acquitter de sa mission en un tournemain, non sans avoir trouvé un adversaire à sa mesure.

Bon je sais, c'est un peu n'importe quoi l'ordre de lecture puisque je passe du chien des Baskerville à la toute dernière enquête de Sherlock Holmes comme ça, mais j'essaye d'avancer un peu le challenge ABC histoire de pas finir l'année avec un score honorable même si c'est pas gagné. Il s'agit donc d'un recueil qui réunit huit des aventures du célèbre détective dont Son dernier coup d'archet, qui est la dernière écrite par Conan Doyle, à la veille de la Première Guerre mondiale. 

Je n'ai pas été séduite par toutes les nouvelles de ce recueil. Certaines sont très courtes (trop?), et l'intrigue reste assez simpliste comparée à ce que nous avait servi Conan Doyle dans Une étude en rouge ou Le chien des Baskerville. Les deux premières m'ont un peu déçue en ce qui concerne le dénouement de l'intrigue, que j'ai trouvé pas assez flamboyant pour un détective de la trempe de Sherlock Holmes. En revanche, j'ai bien aimé les suivantes, où les mobiles sont un peu plus recherchés et elles explorent d'autres horizons (il y en a même une qui se passe entre la Suisse et la France !). En revanche, s'il y a quelque chose que j'aime toujours autant c'est le style de Doyle. Tout en finesse, en retenue, on pourrait parfois croire que les histoires qu'il raconte sont vraies, tellement il y met du coeur.

Le personnage de Sherlock Holmes est également toujours aussi énigmatique. Plein de mystères (comme son environnement de prédilection; Londres), il est une fois de plus magistralement décrit. Ses manies, ses habitudes, tout le rend à la fois très agaçant mais aussi très attachant. A plusieurs reprises il montre ses qualités extraordinaires de déduction, mais aussi à quelques moments ses faiblesses, ce qui le rend plus humain et moins divin (je ne sais plus qui a dit "Sherlock Holmes est un homme qui veut être un dieu, le Doctor Who est un dieu qui veut être un homme). Enfin bref, le personnage, très complexe, est très bien "campé" par son auteur, ce qui explique la naissance du mythe Sherlock Holmes.

Pour dire quelques petits mots sur la dernière enquête, elle dénote un peu, déjà parce qu'elle est écrite à la troisième personne du singulier, et n'est plus du point de vue de Watson, mais plutôt d'un point de vue omniscient. De plus, il ne s'agit pas à proprement parler d'une enquête, ni d'une aventure, puisqu'on en a que le dénouement. Enfin, on sent tout le contexte historique de l'écriture de cette dernière nouvelle (si on peut vraiment appeler ça une nouvelle), vu le sentiment de patriotisme qui en émane (alors que dans l'affaire des plans, la position de Holmes vis-à-vis des services rendus à la nation était beaucoup plus réservée que dans le dernier). C'est d'ailleurs une fin assez ouverte que propose Doyle à ses lecteurs...

En résumé, une chouette lecture, avec ce chouette personnage qu'est Holmes !




vendredi 9 août 2013

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants - Mathias Enard




Résumé : 13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu'il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l'invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d'un pont sur la Corne d'Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l'étrangeté byzantine, Michel Ange, l'homme de la Renaissance, esquisse avec l'Orient un sublime rendez-vous manqué.


Depuis 2010 dans ma PAL ! C'est bien, je suis à peu près à l'heure... Pour combler ce retard insurmontable, j'ai donc décidé de l'insérer dans mon challenge ABC, en espérant que ça me permette de le lire rapidement. J'ai finalement attendu le mois d'août 2013 pour le lire (sachant que j'ai tonne d'autres trucs à lire mais c'est une autre histoire). J'étais très intriguée par ce livre, notamment grâce au titre qui est très poétique et résume finalement toute l'ambiance du livre.

J'ai lu ce petit livre de Mathias Enard en une nuit seulement (et une 1h le lendemain matin). Les chapitres (si on peut appeler ça des chapitres) sont en effet très courts; entre une et deux pages, ce qui fait que très vite je me suis laissée absorbée par l'histoire. C'est donc la visite de Michel-Ange à Constantinople au XVIe siècle. Le thème au départ paraît un peu ennuyeux et très historique. Finalement, ce n'est pas du tout le cas, puisque je me suis très rapidement identifiée au personnage principal, qui fuit Rome, où le Pape le méprise, pour une ville orientale mystérieuse, qui cache bien des secrets. La narration est un peu décousue, et c'est un peu dommage, parce qu'il y a un temps d'adaptation nécessaire avant de comprendre que telle page fait référence au futur, et telle page au passé.

Le personnage que j'ai trouvé le plus attachant est incontestablement Mesihi, le poète qui désire plus que tout au monde être l'ami de Michel-Ange. Sa fragilité et son amour sont touchants. D'autant qu'il se sacrifie pour le sculpteur (mais je ne vous en dit pas plus). Il ne faut d'ailleurs pas prendre le livre comme historique, puisque comme le précise l'auteur, on ne sait à peu près rien de ces quelques semaines de Michel-Ange à Constantinople. Le style est très poétique, fluide, bouleversant par moments. Il nous amène dans les réflexions les plus intimes de l'un des sculpteurs les plus ingénieux de son siècle, et on perçoit une grande détresse dans cet être solitaire.

En définitive, ce n'est pas un coup de coeur, mais ça n'en reste pas moins une très bonne lecture, très adaptée aux nuits d'été !

Extrait : "On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois et d'éléphants, d'êtres merveilleux; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, de la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété. Parle-leur de tout cela, et ils t'aimeront; ils feront de toi l'égal d'un dieu." 




jeudi 8 août 2013

L'écume des jours - Michel Gondry




Résumé : L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

Je continue d'essayer de rattraper le (long) retard accumulé pour le challenge ABC en rédigeant des chroniques que j'aurais dû écrire il y a quelques mois. Pour aujourd'hui ce sera donc L'écume des jours, non pas de Boris Vian mais de Michel Gondry (étant en en Bi-Technologies, je me suis payé le luxe de mettre dans ma liste des films que je projetais de voir dans le courant de l'année). J'ai vu le film deux fois, avec des personnes différentes à chaque fois, parce que je voulais leur montrer à quel point il est génial. 

Je dois commencer par vous avouer que je suis raide dingue de L'écume des jours et des livres de Boris Vian en général. Cette finesse, ce style, ces personnage si attachants, ça me fait fondre. Quand j'ai appris que ce génie du cinéma qu'est Michel Gondry projetait d'adapter au cinéma l'un de mes films préférés, j'ai d'abord commencé par être très réticente (quand on pense au carnage qu'est la première adaptation avec Jacques Perrin), tout simplement parce que l'univers crée dans ce livre dépasse les frontières de l'imagination, et donc par conséquent ne peut être montré par de simples images. Et puis après j'ai appris que Romain Duris et Audrey Tautou allaient jouer le couple phare du film, et donc j'ai attendu avec impatience la sortie nationale (parce que je suis aussi raide dingue du duo). Je vais donc commencer par dire que le choix des acteurs est absolument parfaits. Que ce soit pour Alise, Nicolas, Jean-Sol Partre, il n'y a absolument rien à redire sur le casting ou la direction des acteurs. 

En ce qui concerne le style maintenant, j'adore le parti pris par Gondry, à savoir de réaliser lui-même les effets spéciaux. Je trouve que ça donne une nouvelle dimension à la réalité, et dès le début, le soucis du réalisme s'efface et je me suis complètement prise au jeu. Je ne me disais plus du tout (intérieurement) c'est impossible, ça ne peut pas être la réalité. Tout ça n'avait plus d'importance, parce que j'ai commencé à y croire vraiment. Le choix des couleurs qui basculent petit à petit vers le noir et blanc est admirable, tellement subtil, tellement discret. La photographie est magnifique, ça vous brûle presque les yeux. Petit regret cependant, la petite souris, que j'ai trouvé moins magique que le reste du film. Moins comme je l'imaginais. Un peu trop... je ne sais pas quoi, mais un peu trop quand même. 

En définitive, c'est un coup de coeur pour Michel Gondry, dont je dois découvrir un peu plus le cinéma (surtout Eternal Sunshine of the Spotless Mind dont on me parle encore et encore !). 


lundi 5 août 2013

La Place Royale ou l'amoureux extravagant - Corneille (mini-chronique)




Résumé : Alidor aime Angélique et il est payé de retour, mais l’amour d’Angélique l’incommode néanmoins, car il ne peut se faire à l’idée du mariage qui signifierait la perte de sa liberté. Il voudrait que celle-ci se donne à son ami Cléandre. Il la convainc faussement, pour la décider, de son infidélité grâce à une fausse lettre. Lorsque Angélique s’éloigne de lui, comme prévu, mais pour se rapprocher de Doraste et non de Cléandre, comme il le veut, il la séduit à nouveau pour se faire donner un rendez-vous. Alidor a imaginé de faire enlever Angélique par Cléandre lorsqu’elle se rendra au rendez-vous.

Cette chronique sera courte, on va dire que ce sera en fait plutôt un pense-bête pour me souvenir un peu de cette lecture. D'abord je dois commencer par vous dire que j'ai vu cette pièce il y a deux ans dans une formidable adaptation d'Eric Vigner (et je pèse mes mots). C'est l'une des comédies de Corneille les moins connues car moins jouée (contrairement au Cid par exemple). Au niveau du style, j'ai pas grand chose à commenter, mis à part que c'est écrit en vers, avec très peu de didascalies. En cinq actes, l'intrigue est d'ordre amoureux, et c'est d'ailleurs assez étonnant de voir que les préoccupations des jeunes gens sont à peu près les mêmes qu'aujourd'hui: la peur de l'engagement, de l'amour non réciproque... Je vais pas faire une analyse de vingt lignes sur le propos, le fait est que c'est léger, plaisant, sans prétention. L'histoire se déroule dans la Place Royale à Paris. Chaque personnage semble posséder ses parts d'ombre et de lumière si j'ose dire.

Petite remarque : c'est fou comme certains propos sont "misogynes", à plusieurs reprises Angélique est comparée par Alidor, Cléandre et même Doraste à un "bien" à se partager. Un peu déroutant quand même...

dimanche 4 août 2013

Court mais bon ! (recueil)




Je tiens en premier lieu à remercier shortEdition et le Dauphiné Libéré de m'avoir proposé par l'intermédiaire de Marly ce partenariat. Court mais bon ! est un recueil de nouvelles, de très très courts et de BD courtes écrites par de jeunes auteurs de la Région Rhône-Alpes qui ont été sélectionnés suite à un concours en partenariat avec le Dauphiné Libéré. C'est donc en tout 21 auteurs qui présentent 31 nouvelles, BD courtes et micro-nouvelles. Pas de thème imposé, seulement celui d'être court (voire très court quelques fois), et on en redemanderait presque. Voici donc ma chronique sur ce chouette recueil (même si il est toujours très difficile de chroniquer des nouvelles).

Tout d'abord, je dois dire que le livre se lit très vite (il m'a fallu un peu moins trois jours), parce qu'on se laisse transporter par les mots, et une nouvelle, de trois, quatre, on ne compte plus et on passe la moitié la nuit à lire. La présentation est parfaite, deux nouvelles, ou une nouvelle et une micro-nouvelle, puis une bande-dessinée. Je regrette cependant la qualité d'image de certaines BD qui manque un peu d'éclat. De plus, je trouve que le design de la couverture n'est pas extraordinaire, bien qu'il rappelle la première nouvelle du recueil. Toujours en ce qui concerne la présentation, j'aime l'aspect "large" du livre qui donne un espace suffisant aux BD, et un certain confort de lecture. Enfin, en ce qui concerne la sélection, toutes les nouvelles atteignent un certain niveau de qualité. S'il est vrai que je ne les ai pas toutes aimé pareillement, il faut reconnaître que livre bénéficie d'un bon comité de relecture, puisque je n'y ai vu aucune faute d'orthographe, et il n'y a qu'une seule erreur de mise en page (dans la BD Ma petite obsession de Murielle Piccoli). 

Si l'on parle du fond maintenant, j'aime beaucoup le concept des auteurs régionaux, car la plupart des auteurs nous amènent à découvrir notre belle région. On trouve un certain nombre de référence à des espaces connus, Grenoble, le Vercors etc. La plupart des nouvelles s'inscrivent dans un cadre spatio-temporel défini et familier. J'ai un peu moins accroché aux micro-nouvelles (certaines sont des poèmes), sans doute à cause de leur brièveté. Toutefois, j'ai un coup de cœur pour l'avant-dernier texte Etait-ce Avalon? dont j'adore la poésie enchanteresse. Plutôt que de faire une critique pour chaque nouvelle (ce qui serait un peu long), j'ai décidé de vous présenter mes coups de coeur du recueil. J'ai bien entendu adoré la première, Un homme bien regardant, de Bruno Pradal qui narre l'histoire de Maria, une jolie brune obsédée par un problème... épineux, celui du duvet qui orne ses lèvres. Le style est tout en finesse, mais aussi très drôle, et la nouvelle offre une chute pour le moins surprenante. Mon deuxième coup de coeur se porte sur Encore un p'tit mois de Véranda, qui ne fait que trois pages et demi, mais dont j'ai adoré la douceur et la délicatesse. Une enfant raconte avec amour le quotidien pas si facile de sa mère, en y ajoutant avec panache ses réflexions personnelles sur sa vie, et sur la vie en général d'ailleurs. Autre coup de coeur, l'excellent (et très cynique) Dix-neuf heures, vingt-quatre minutes et très secondes de Jean-Baptiste Palud. C'est écrit un peu dans le style de la série Bref, c'est drôle, c'est triste, ça ressemble à la vie, à ma vie. C'est l'histoire pas toujours très drôle d'un type quelconque, à qui il arrive des trucs pas vraiment très drôles non plus. Elle figure parmi l'un de mes coups de coeur, car c'est frai, léger mais pas trop et que le personnage principal est terriblement attachant. Côté BD, je vous donne juste des titres en vrac Fable Comix, L'île au pirate, Le saut, Philosophie.

Voilà, en définitive c'est une chouette lecture que ce recueil de courts, très agréable et très rapide aussi. Une bonne lecture d'été ! Merci encore à shortEdition et au Dauphiné Libéré de m'avoir permis de participer à ce partenariat !

samedi 3 août 2013

Julien Parme - Florian Zeller





Résumé : « Au risque de vous surprendre, je voudrais vous raconter ce truc incroyable qui m'est arrivé l'année dernière. C'est pas pour me vanter, mais des trucs comme ça, je vous jure, des trucs aussi incroyables que celui que je vais vous raconter, ça n'arrive pas tous les jours. Même, ça n'arrive jamais. C'est pour ça que j'en parle. Parce que moi, je ne suis pas du genre à baratiner les autres avec ma propre vie. Question de style. »

Avec humour et panache, Julien Parme, du haut de ses quatorze ans, nous entraîne dans une fugue picaresque et jubilatoire où résonnent les vertiges et les doutes des premiers instants de liberté.


Florian Zeller, c'est le blondinet qu'on voit partout à la télé, qu'on nous présente comme le nouveau Romain Gary, le mari du juge est une femme. Il paraît que ses pièces sont des chef-d'oeuvres, que ces romans sont des perles. En bref, c'est la surmédiatisation pour ce jeune auteur. Du coup, j'ai eu envie d'aller voir un peu plus en détail ce que ça donne, et si c'est vraiment si extraordinaire que ça. Julien Parme est l'un de ses premiers romans, qui a, paraît-il rencontré pas mal de succès auprès du public. C'est l'histoire d'un adolescent en rupture familiale qui fugue un jour de chez lui pour vivre une grande aventure. D'ici, l'intrigue n'a pas l'air bien originale, c'est même du revu et du re-revu.

Julien Parme veut être écrivain, confond Balzac et Flaubert et fait des fautes de français. Ce qui fait que le style est au bout d'un moment assez lourd et fatiguant. Julien Parme est prétentieux et se prend pour le roi des rois. Impossible donc pour moi de m'attacher au personnage que j'ai trouvé du début à la fin, antipathique et méprisant. Enfin le personnage a quatorze, mais veut faire croire qu'il en a vingt. Il est jeune, impétueux, et se comporte comme un gamin. On promet dans le résumé de l'humour et du panache. Si quelques réflexions m'ont fait sourire, la plupart sont tombées complètement à côté de la plaque, et le tout m'a paru bien pauvre.

En effet, si on se concentre que sur le style, on a l'impression d'un auteur parisien bien élevé qui se met dans la peau d'un jeune des cités, mais pas trop, et s'amuse à le ridiculiser en le rendant indiscutablement idiot. Je dois reconnaître que quelques lignes sont poétiques, comme des fenêtres ouvertes sur quelque chose qui pourrait être bien. Mais ces passages sont bien souvent effacés par tous les autres qui sont ridicules et font passer les jeunes hommes de quatorze ans pour stupides. En bref, ce serait plutôt un échec de lecture vu que j'ai fini livre avec beaucoup de difficultés parce que je ne suis pas du tout rentrée dedans. Et je ne suis pas prête de relire du Florian Zeller (et puis rien que la couverture, ça fait un peu l'auteur qui se prend pour le nouveau Goncourt et qui met sa photo partout parce qu'en plus d'être un intellectuel, c'est aussi un mannequin beau-gosse...)

N°2 dans le Challenge ABC (lettre Z).


vendredi 2 août 2013

Gatsby le magnifique Livre/Film

Le livre



Résumé : Dans le Long Island des années vingt, la fête est bruyante et la boisson abondante. Surtout chez Jay Gatsby. Aventurier au passé obscur, artiste remarquable par sa capacité à se créer un personnage de toute pièce, Gatsby, figure solaire par son rayonnement, lunaire par le mystère qu'il génère, est réputé pour les soirées qu'il donne dans sa somptueuse propriété. L'opulence, de même que la superficialité des conversations et des relations humaines, semblent ne pas y avoir de limites. C'est pourquoi l'illusion ne peut être qu'éphémère. Parmi les invités de cet hôte étrange se trouve Nick Carraway, observateur lucide qui seul parvient à déceler une certaine grandeur chez Gatsby, incarnation de multiples promesses avortées. Ce roman visuel qui se décline dans des tons d'or, de cuivre et d'azur, s'impose également comme la chronique d'une certaine époque vouée, telle la fête qui porte en elle son lendemain, à n'être magnifique que le temps d'un air de jazz.

J'ai lu Gatsby dans le cadre d'une lecture commune sur Accros & Mordus, et ayant vu le film, j'ai tout de suite pensé que ce serait parfait pour le challenge des Adaptations, lancé sur ce même forum. C'est d'ailleurs le tout premier livre que je lis sur ma liseuse Kobo ! J'ai donc vu le film en premier, ce qui ne m'a pas laissé vraiment de suspense quant à l'histoire, je dois l'avouer. 

L'histoire est racontée à travers les yeux de Nick Carraway (tout comme dans le film d'ailleurs), et je n'ai eu aucun mal à m'identifier à ce personnage. C'est le stéréotype du jeune homme qui début dans la vie (il m'a d'ailleurs un peu fait pensé par moment au jeune Eugène Rastignac dans Le Père Goriot de Balzac). C'est un personnage, doux, profondément gentil, et c'est donc avec ses yeux que l'on découvre le mystérieux Gatsby. Dès le début, il apparaît comme une ombre influente, sans qu'on puisse vraiment déterminer si elle est maléfique ou bienveillante. Gatsby est pour moi le personnage le mieux construit du roman, puisque ses réactions sont touchantes, et qu'on arrive à comprendre sa détresse. Par contre, je dois avouer que j'ai tout simplement détesté le personnage de Daisy, qui est trop souvent incohérente, mélodramatique et incompréhensible. Dès sa première apparition (peut-être parce que j'avais le film auparavant), je l'ai trouvé tout simplement insupportable. En revanche, je n'ai eu aucun mal à m'attacher à son amie Jordan, qui, sans valoir vraiment mieux que Daisy, ne ment pas sur ce qu'elle est réellement. Elle est, avec Nick, le personnage auquel j'ai pu le plus m'identifier. 

Si on s'attarde un peu sur l'intrigue, elle est dans l'ensemble plutôt bien construite. Cependant, je trouve que la fin est beaucoup trop rapide par rapport au reste du roman. En effet, si le début et la moitié sont assez fluide à la lecture, tout s’accélère et la fin comporte des zones d'ombre et de flou, ce qui fait que j'ai un peu relu la fin pour être bien sûre de comprendre ce qui s'était passé. Je trouve ce point assez dommage étant donné que j'avais adoré le début. Mais le plus réussi dans ce livre reste pour moi la retranscription de l'atmosphère de l'époque. Pendant le récit des fêtes de Gatsby, on sent presque vibrer la musique des trompettes autour de nous. Le livre est un véritable voyage au pays du jazz. Tout est là, le contexte économique, social; on arrive à mieux comprendre les difficultés que rencontrent les personnages de cette époque. 

En bref, ce n'est peut-être pas un coup de coeur, mais je ne regrette absolument pas la lecture de ce livre, qui m'a donné envie d'en lire plus sur cette époque. Merci à MissDeath d'avoir lancé cette lecture sur Accros & Mordus !


Le film



Résumé :  Adaptation du célèbre roman de Francis Scott Fitzgerald. Nick Carraway, un jeune homme du Middle West américain atteignant la trentaine, se rend à New York pour travailler dans la finance. Son voisin s'appelle Jay Gatsby. Il possède une immense maison très animée qui occulte celle misérable de Nick. Gatsby donne fréquemment des réceptions somptueuses qui accueillent des centaines de convives. Mais qui est-il ? D'où vient-il ? Que fait-il ? Les rumeurs les plus étranges circulent sur son passé et sa fortune.

J'ai vu le film à Cannes, en 3D, la dernière semaine du festival, autant dire qu'il me manquait trois bonnes nuits de sommeil, et j'avais vu auparavant une tonne de films, ce qui explique peut-être ma déception lorsque j'ai vu celui-ci. Je ne connaissais absolument pas l'histoire, et j'étais surtout attirée par l'affiche prometteuse, qui paraissait nous plonger dans les années 20. Autant avouer que tous mes espoirs se sont écroulés comme un château de cartes !

Le premier point négatif est pour moi l'époque, que je trouve assez mal reproduite dans le film. Si les costumes sont magnifiques, je ne suis pas du tout convaincue par la musique. En effet, l'idée du réalisateur est de transposer des musiques actuelles sur des pas de Charleston. Je comprends le pourquoi d'un tel effet, il s'agit de montrer que les moeurs de cette époque n'étaient pas mieux, voire pire qu'aujourd'hui. Mais je trouve l'effet raté, car justement, ce qui fait la force de Gatsby c'est cette ambiance jazzy que je n'ai eu aucun mal à retrouver dans le livre. Aussi, je trouve bien dommage de l'avoir laissée de côté.  Deuxième énorme bémol, les doublages français. C'est une catastrophe. Daisy a la voix de Phénomène Raven, Nick celle du frère de Hannah Montana. Je pense qu'ils auraient pu faire un petit effort et trouver des voix potables, parce que là on y croit pas une seule seconde, c'est tout simplement ridicule. Enfin, dernière déception, la 3D, qui m'a plus fatiguée qu'autre chose. A part pour le générique de fin, je ne vois pas ce qui justifie sa présence dans le film. L'image n'est pas plus belle que dans un film sans. Je trouve d'ailleurs agaçante cette manie d'inclure la 3D à chaque film qui sort alors qu'elle n'est absolument pas nécessaire. Le film se perd d'ailleurs souvent dans des longueurs inutiles, et je me suis par moment un peu ennuyée. Enfin, tout comme le livre, je trouve que la fin du film est beaucoup trop rapide, et le portrait de Daisy reste très incomplet, si bien qu'on est pas bien sûr d'avoir compris ses motivations. 

Maintenant que j'ai abordé les points négatifs, je dois quand même avouer qu'il y en a un certain nombre de positifs. DiCaprio en est un par exemple. Il est le pilier du film et tout repose sur lui. Il faut d'ailleurs reconnaître qu'il est excellent. De plus, comme je l'ai du un peu plus haut, les costumes sont vraiment travaillés, et cette apothéose de couleurs durant les fêtes au château de Gatsby est très réussie. Enfin, j'ai aussi beaucoup aimé les décors, le château, la maison de Daisy et Tom, ils sont très fidèles au livre.

Voilà, pour terminer je dirais que si vous tenez à regarder ce film, il vaut mieux vous abstenir de la 3D, et surtout le regarder en VO !



Le Chien des Baskervilles




Résumé : 
Des cris lugubres résonnent sur la lande...
Et voici que la légende prend corps. Un chien énorme, créature fantomatique et infernale, serait à l'origine de la mort de sir Charles Baskerville. Maudit soit Hugo, l'ancêtre impie et athée, qui provoqua, en son temps, les forces du mal !
Mais Sherlock Holmes ne peut croire à de telles sornettes. Aussi, lorsqu'il dépêche le fidèle Watson auprès de sir Henry, l'héritier nouvellement débarqué d'Amérique, il ne doute pas de mettre rapidement fin à ces spéculations. Pourtant, la mort a frappé plusieurs fois sur la lande. Et le manoir est le théâtre de phénomènes bien étranges... Se peut-il que la malédiction des Baskerville pèse encore ?

Sherlock Holmes quand tu nous tiens ! Deuxième livre lu sur ma liseuse (parce que c'est gratuit et que c'est Holmes, comment résister?). Je me souviens avoir vu plusieurs adaptations de cette aventure dont je ne me souviens pas très bien pour être honnête, la dernière en date étant celle de Sherlock et qui est très très très adaptée, si vous voyez ce que je veux dire. C'est donc avec un oeil totalement neuf que j'ai plongé dans l'univers du génial détective et de son acolyte. L'histoire se déroule dans une inquiétante région de l'Angleterre, au milieu de la lande, et est rythmée par les hurlements d'un chien enragé qui poursuit tel une malédiction les héritiers de la famille Baskerville.  

Déjà, je dois dire que j'adore la plume de Doyle, parce qu'elle est directe, ne se perd pas en détails (enfin, pas plus qu'il n'en faut) et que les enquêtes de Sherlock Holmes, aussi complexes soient-elles, restent assez courtes et donc facile d'accès. Le thème de celle-ci est assez génial, une mystérieuse malédiction qui vient ébranler toutes les conceptions scientifiques que l'on peut avoir, une atmosphère inquiétante, des personnages plus ou moins suspects... L'ambiance est assez parfaite dans le genre, puisqu'on s'y croirait vraiment dans cette lande inquiétante, où vit un forçat relu et un mystérieux chien enragé. J'avoue d'ailleurs que certains passages m'ont complètement happée, et m'identifiant au docteur Watson, je me posais de nombreuses questions sur l'intrigue qui restaient sans réponse. 

Au niveau de l'intrigue en elle-même, maintenant, elle terriblement bien menée, puisque les faits des personnages ne nous induisent en aucun cas sur la piste du coupable. Ils auraient d'ailleurs plutôt tendance à nous induire en erreur. Et à la fin, on en vient à éprouver de la sympathie pour les personnages que l'on détestaient au début (sacré Doyle !). Petit regret en ce qui concerne le dénouement (je vais essayer de faire le moins de spoilers possible). Je le trouve assez classique, bien qu'on ait une certaine surprise, tout s'accélère, et ce qui était une formidable affaire, se transforme en quelque chose d'assez attendu. Et puis le chien, c'est un peu décevant.. Il faut dire qu'ayant vu l'adaptation de Moffat/Gatiss dans Sherlock, je m'atrendais à quelque chose d'extraordinaire, et puis finalement, pas vraiment. 

Tout ceci n'empêche cependant pas que le duo Holmes/Watson est merveilleux, et que je ne compte pas m'arrêter là. Surtout que je suis en catégorie Sherlock pour le challenge, et que j'ai déjà de nombreux livres en retard !




Une bouteille à la mer - Thierry Binisti (film)




Résumé :  Tal est une jeune Française installée à Jérusalem avec sa famille. A dix-sept ans, elle a l'âge des premières fois : premier amour, première cigarette, premier piercing. Et premier attentat, aussi. Après l'explosion d'un kamikaze dans un café de son quartier, elle écrit une lettre à un Palestinien imaginaire où elle exprime ses interrogations et son refus d'admettre que seule la haine peut régner entre les deux peuples. Elle glisse la lettre dans une bouteille qu'elle confie à son frère pour qu'il la jette à la mer, près de Gaza, où il fait son service militaire. Quelques semaines plus tard, Tal reçoit une réponse d'un mystérieux "Gazaman"...


Première lecture pour le challenge ABC qui est en fait... un visionnage. J'aurais faire ma chronique il y a bien longtemps étant donné que j'ai vu le film au mois de janvier en présence du réalisateur, mais faute de temps, je la fais maintenant. Il faut d'abord que je commence par vous dire qu'Une bouteille à la mer est l'adaptation d'un livre merveilleux de Valérie Zenatti qui s'appelle Une bouteille dans la mer de Gaza et que je vous conseille de lire, si ce n'est pas déjà fait. J'avais un peu de réticences à aller voir l'adaptation, ayant tellement aimé le livre. Et puis au cinéma, c'est toujours différent, il était certain que je ne retrouverai pas les mêmes émotions qui m'avaient traversée à la lecture, toutefois, je peux vous affirmer que l'aventure en vaut la peine.

C'est donc l'histoire de Tal, qui dans le film est une jeune française installée en Israël avec sa famille, qui du jour au lendemain se lie d'amitié avec un palestinien. En ces temps de conflits, l'idée originale est frappante puisqu'on ne parle pas si facilement du conflit israelo-palestinien. Le film ne ment pas sur la situation, la première scène est celle d'un attentat-suicide dans un café israélien. Thierry Binisti offre une véritable adaptation du roman puisqu'il introduit une nouvelle langue: le français. En effet, dans le livre, les deux personnages principaux Tal et Naïm échangent en anglais. Ici, Naïm va faire la démarche d'apprendre le français pour discuter avec Tal. De plus, il y a un véritable travail sur les langues puisqu'il explique qu'Agathe Bonitzer, actrice française qui interprète Tal a dû apprendre l'israélien pour le film. C'est cependant cette dernière qui est pour moi le seul point négatif du film. En effet, je la trouve assez mièvre à l'écran, comparée à l'image que je m'étais faite de Tal en lisant le livre de Valérie Zenatti. J'ai cependant eu un coup de coeur pour Mahmud Shalaby qui interprète Naïm, qui est exactement comme je l'imaginais. Et puis la fin (que je ne vous raconterai pas) est une apothéose, différente de celle du livre, elle vient tout en finesse terminer l'histoire de cette merveilleuse rencontre. Enfin, terminer, peut-être pas...

Un véritable coup de coeur !